Les Eternels ! L’homme est-il seul dans l’univers ? Depuis les temps les plus reculés, les mythes et les légendes parlent d’étranges visiteurs venus des étoiles ! Des êtres doués de grands pouvoirs sont venus sur cette Terre… et puis il l’ont quittée ! Qui étaient ils ? Que sont-ils venus faire ici ? Où sont-ils partis ? Ces grandes questions sont à la base de cette saga qui commence un jour prochain… le jour des réponses… le jour des dieux.

The Eternals vol. 1 No.1, Jack Kirby, 1976

En juin 1977, dans son 90e numéro, le magazine Strange remplace les aventures de Captain Marvel par Les Eternels, une nouvelle série écrite et dessinée par le « King », Jack Kirby.

On y découvre l’existence secrète de deux races cousines de l’humanité: les éternels, des êtres proches de la perfection, immortels et à l’origine des figures divines classiques, et les déviants dont les gènes instables et la culture violente rappellent les démons mythologiques.

L’histoire commence quand Ike Harris, un éternel qui se fait passer pour un archéologue humain, confirme le retour prochain des Célestes, la race de géants cosmiques qui a manipulé la génétique des proto-humains pour créer ces trois races.

Humains, déviants et éternels
Création des trois espèces terriennes

Jack Kirby est de retour chez Marvel après une période de brouille et quelques années chez DC où les choses ne se sont pas passées beaucoup mieux. Heureuse de le voir revenir au bercail, la Maison des idées lui donne une grande liberté créative. Il se lance avec cette série dans l’exploration des mythologies qui ont inspiré ses œuvres. Au départ, Les Eternels est annoncée comme une série en dehors de la continuité Marvel. On y aperçoit bien Hulk et Nick Fury, mais on laisse au « King » toute latitude pour faire évoluer ses personnages sans la contrainte d’un univers partagé. Il peut y développer à loisir une histoire basée sur les théories du Suisse Erich von Däniken dans Présence des extraterrestres (1968), et inspirée en grande partie par Les Enfants d’Icare d’Arthur C. Clarke (1953).

Pourtant la série ne sera pas un succès. En France, Strange, qui a peur de la censure, n’en publie que trois épisodes. Aux Etats-Unis, elle ne dure que 19 mois.

Quelques années plus tard, paradoxalement, la visite des Célestes deviendra le point d’origine et l’explication de tous les super-pouvoirs, mais aussi de tout le panthéon Marvel. On expliquera que les manipulations génétiques opérées sur les premiers humains contenaient en germes l’apparition des super-héros.

Une mini-série hors continuité, Earth X, ira même jusqu’à présenter la Terre comme l’œuf où se forme un nouveau Céleste et les méta-humains comme le système de défense de cet œuf.

Couverture complète
Earth X (1999)

L’univers Marvel a, depuis, utilisé les Eternels dans de nouvelles séries, certains ont rejoint les rangs des Avengers, mais leur retour le plus mémorable s’est effectué sous la plume de Neil Gaiman en 2006. On y suit Ikaris alors qu’il tente de rendre la mémoire à son peuple amnésique tandis que le Céleste Rêveur entreprend de juger l’humanité.

Neil Gaiman's Eteranls (2006)
Eternals vol.3 No.1 (2006)

L’univers cinématographique Marvel n’a pas encore utilisé ces personnages. En revanche, les Célestes on fait leur apparition dans Les Gardiens de la galaxie (James Gunn, 2014) et reviendront probablement, sinon dans le deuxième opus, au moins dans Thor: Ragnarök (Taika Waititi, 2017).

Et pourtant, quand on observe de plus près ce qui se passe dans le MCU, c’est bien une visite d’extraterrestres, cette fois les Kree, qui est à l’origine de bon nombre de super-pouvoirs. D’ailleurs, les Kree de l’univers 616 (la continuité Marvel) sont aussi des manipulateurs de races primitives… et une création de Jack Kirby.

Les Eternels ne sont pas uniquement la clé primaire des super-pouvoirs de l’univers Marvel, cette série est également la clé primaire de mon univers fantastique.

En 1977, Marvel est au cœur de ma mythologie. J’absorbe toute sa production et elle s’inscrit en moi de manière indélébile. Les racines de mon univers fantastique plongent directement dans cette série avortée. Pendant très longtemps, je n’aurai lu que les trois épisodes parus dans Strange, mais Les Eternels résonne encore avec force dans les Chroniques d’Enghashel.

Le sujet lui-même : des immortels vivant incognito parmi nous, même s’il a des accents de Highlander, vient en fait directement de ce comic book. Je n’ai pas souvenir d’avoir modelé le nom du protagoniste – Akaryb – sur celui des Eternels – Ikaris – mais la similitude est frappante. En revanche, les alias utilisés dans la société humaine (Ikaris / Icarus / Ike Harris) se retrouvent tels quels dans ma série. On retrouve aussi des traces discrètes de l’Uni-Mind, la fusion de tous les Eternels en un esprit unique.

Je n’ai pas encore lu le roman de Clarke, ni l’essai ésotérique de von Däniken. Je ne suis pas sûr de le faire. La théorie des astronautes antiques qui ont fait évoluer l’humanité et donné naissance aux religions me plaisait bien quand j’étais adolescent, mais je n’éprouve plus le même intérêt à présent.

Je pense en revanche me pencher sur une autre série que Jack Kirby a créé pour DC Comics sur un sujet similaire: The New Gods.

 

ALLER PLUS LOIN:

  • Ici

Ma vision des Eternels en communion au sein de l’Uni-Mind [galerie]

Enghashel [section]

  • Ailleurs

Jack Kirby, le Super-Héros de la BD (Xavier Fournier, Comic Box, 2014) [lien]

Jack Kirby, le super créateur (plaquette de l’exposition hommage au festival d’Angoulême) [lien]

Les Enfants d’Icare (Childhood’s End), Arthur C. Clarke (1953, fr: J’ai Lu 1977)

Présence des extraterrestres (Erinnerungen an die Zukunft, en : Chariots of the Gods?), Erich von Däniken, 1968, fr: Robert Laffont 1969)

  • Comics de référence

The Eternals (1976) #1-19 + Annual 1 (1977) par Jack Kirby – partiellement publié en France dans Strange n°90-93 puis Etranges Aventures n°62-64 et Les Etrenels (Marvel Deluxe)

Eternals, (2006) #1-6 Par Neil Gaiman et John Romita Jr – En France Les Eternels n°1-2 (100% Marvel), Les Eternels (Marvel Select)

Thor (1966) #147 par Stan Lee et Jack Kirby et #300 par Mark Gruenwald, Ralph Macchio et Keith Pollard – publication erratique en France chez Arédit/Atima dans les magazines Eclipso et Thor.

Earth X (1999) #0-15 par Alex Ross et Jim Krueger – En France: Earth X 1-4 Collection 100% Marvel (2000)

  • En VO

Jack Kirby: Story Teller (2007)

 

In Search of Ancient Astronauts (Harald Reini, 1973) reprend les thèses de von Däniken

 

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